La bataille de l’Arctique

La bataille de l'Arctique

Selon Washington, les autorités russes et chinoises, auraient profité des perturbations causées par les houthis en mer Rouge, la Russie et la Chine exploitent les routes maritimes pour y défier les États-Unis et les deux puissances envisagent de verrouiller la route du Nord au mépris du droit maritime. Profitant de l’instabilité causée en mer Rouge par les attaques des houthis sur les navires marchands, les deux puissances semblent s’impliquer près du pôle Nord et les mouvements récents de navires dans cette zone, semble le confirmer. Les routes de l’Arctique deviennent stratégiques pour ces pays.

 Selon un article du magazine américain Forbes[1], depuis le mois de juillet 2024, trois brise-glaces chinois ont été envoyés dans la région pour renforcer la présence chinoise en Arctique. Le 3 septembre 2024, l’Institut naval des États-Unis[2] révélait que la Chine y avait emprunté la route maritime du Nord (RMN), anciennement appelé le passage du Nord-Est, cette voie maritime permet de relier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique en longeant la côte nord de la Scandinavie et celle de la Russie. Ce passage est contrôlé par la Russie. Les navires transportaient des marchandises russes destinées à l’Europe et à l’Asie. Actuellement, la voie nordique est bien plus sûre que celle du sud, mais elle permet surtout à la Russie d’en faire un point stratégique crucial, en contrôlant ce passage.

La RMN, normalement utilisable seulement durant l’été, est rendue praticable plus longtemps par de puissants brise-glaces russes durant les périodes froides. Et par le changement climatique, en effet, la fonte des glaces a rendu de plus en plus praticable l’océan Arctique et ouvre ainsi un formidable raccourci maritime entre l’Europe et l’Asie, ce qui permet de longer la Russie par le nord sans avoir besoin de navire brise-glace.  Elle permet de relier les producteurs asiatiques aux marchés européens, en évitant l’engorgement du détroit de Malacca en Malaisie, la piraterie dans la Corne de l’Afrique, ainsi que l’instabilité dans le canal de Suez et au Moyen-Orient, tout en réduisant les temps de transit, malgré des eaux difficiles d’accès pendant une grande partie de l’année.

Pour Moscou, cette voie est devenue stratégique. Le Kremlin pourra l’utiliser pour y faire passer son pétrole et son gaz naturel vers les marchés de l’Est comme de l’Ouest, mais aussi pour peser géopolitiquement. Sur huit pays arctiques, seule la Russie n’est pas rattachée à l’OTAN et joue donc sur une interprétation toute personnelle de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM)[3] pour restreindre l’accès aux eaux de la RMN par le biais de tarifs et de réglementations variables selon les navires qui se présentent dans la zone.

 Lire la suite le 1er avril 2025

 [1] Forbes Magazine « How The U.S. Can Stop Russia And China’s Arctic Power Play » – Jill Goldenziel Sep 11, 2024,08:26pm EDT. Updated Sep 12, 2024, 10:03am EDT. https://www.forbes.com/sites/jillgoldenziel/2024/09/11/how-the-us-can-stop-russia-and-chinas-arctic-power-play/

[2] USNI News« Chinese Icebreaker Mission to Arctic ‘Clear Signal’ of Beijing’s Polar Ambitions, Says Expert » John Grady September 3, 2024 3:11 PM. https://news.usni.org/2024/09/03/chinese-icebreaker-mission-to-arctic-clear-signal-of-beijings-polar-ambitions-says-expert

[3] Nations Unies – Chapitre XXI – Droit de la mer. Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Montego Bay, 10 décembre 1982. https://treaties.un.org/pages/ViewDetailsIII.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXI-6&chapter=21&Temp=mtdsg3&clang=_fr